Par Deepesh Patel, éditeur, Trade Finance Global
Avec Laurent Tabouelle, directeur opérationnel, CODIX
Article, publié sur Trade Finance Global
Deepesh Patel: Bonjour et bienvenues à « Trade Finance Talks » (Conversations sur le financement commercial) – notre premier podcast de « Trade Finance Global ». Je m’appelle Deepesh Patel, éditeur chez TFG. Pendant cette série, nous allons écouter des experts mondiaux et nous allons nous informer sur les toutes dernières tendances technologiques dans le monde du commerce international et des finances de créances.
En 2018 on a vu des changements se produire à une vitesse sans précédent dans le commerce, ces changements ont été influencés par la géopolitique, entraînant de profondes modifications à la réglementation et des développements technologiques à travers les technologies de commerce. En passant en 2019, dans un climat d’incertitude, trois sujets principaux ont émergé: les guerres commerciales et les sanctions, le traitement réglementaire du commerce et la numérisation du commerce. Les décisions et les avancées que l’on prend en ce moment vont avoir une influence sur le commerce – et sa contribution de 9 milliards d’USD à l’économie mondiale – pour les prochaines décennies.
Dans cette perspective, TFG a formé un partenariat avec FCI lors de leur 5ème sommet sur l’affacturage et sur le financement d’opérations commerciales mars dernier à Lisbonne. J’ai pu parler ave Mr. Laurent Tabouelle, directeur opérationnel de CODIX. Laurent a passé toute sa carrière dans le domaine de l’IT pour l’industrie financière et maintenant dans celle du financement commercial (FC). Etant directeur général de CODIX, nous avons voulu lui donner la parole pour qu’il nous présente certains des avancées dans le logiciel et dans les technologies dans les secteurs du financement corporatif et de l’affacturage. Laurent, vous pouvez vous présenter devant nos écouteurs?
Laurent Tabouelle: Je suis le directeur opérationnel de CODIX, fournisseur de technologie et éditeur de logiciel. Nous avons créé la solution logiciel iMX il y a plus de 25 ans (elle a été appliquée pour l’affacturage il y a 15 ans), pour répondre aux besoins des entreprises proposant des produits de financement commercial à leurs clients. Y compris l’affacturage, le financement de chaînes d’approvisionnement et toute une série d’autres produits au sein de ces deux larges catégories. Nous servons nos clients dans le monde entier et nous employons environ 650 employés.
DE GRANDISSANTES ATTENTES
DP: Très bien, merci. Est-ce que vous pouvez nous dire quelles sont les attentes des entreprises d’affacturage et de financement commercial vers le secteur informatique de nos jours?
LT: Je devrais résumer cela en termes du traitement des opérations et de la mise de produits sur le marché assez rapide. Aujourd’hui plus que jamais il existe une forte attente pour sortir les produits sur le plateau et pour montrer rapidement leurs avantages aux clients. Au-delà, ces entreprises attendent de nombreuses améliorations en termes d'efficacité. Cela représente une amélioration de l'efficacité des utilisateurs internes et une intégration toujours croissante des systèmes bancaires et informatiques avec des fournisseurs de données externes ou des fournisseurs de services, tels que des assureurs-crédit, des fournisseurs d'informations d'entreprise, des agences de crédits à l'exportation et ainsi de suite.
Nous devons fournir tout cela sans heurts, aussi connecté que possible, dans l’objectif final de répondre à toutes les questions et, enfin, aux demandes de financement des utilisateurs finaux dans les plus brefs délais.
Il y aussi l’attente d’avoir les aptitudes de proposer des services à de différents clients. Vu que certains de ces acteurs ne sont pas des entreprises entièrement établies, il y a beaucoup de nouveaux acteurs dans le monde de l’affacturage, c’est pourquoi notre entreprise doit bien s’adapter.
ADAPTABILITÉ EN 2019
DP: Vous avez mentionné « adaptabilité ». Vous pouvez nous en parler un peu plus en détail?
LT: Lorsque nous parlons d’affacturage, il semblerait que ce terme est utilisé différemment d’un acteur à l’autre, et nous devrions également parler ici du financement des créances. Dans le domaine du financement des créances, nous voyons de nombreux produits sous ce chapeau par rapport au type de financement de nos clients - financement de l’ensemble du portefeuille, des factures uniques ou des biens. Il est donc important que les systèmes informatiques prennent en charge ces produits avec souplesse et adaptabilité à ces nouveaux besoins du marché.
Le deuxième aspect, qui est y est associé, c’est le fait que le marché est en cours de maturité, et que les besoins de traitement interne évoluent constamment. À mesure qu'ils deviennent plus matures, ils nécessitent moins d'explications, et, en revanche, plus de contrôles supplémentaires quant à la fraude. En tant que système informatique, nous devons continuer à nous adapter avec cette flexibilité.
INFRASTRUCTURE BANCAIRE, MISE À JOUR
DP: Suite à de cette évolution, les entreprises d’affacturage établies, sont-elles à la recherche active de moderniser leurs systèmes d’affacturage de base?
LT: La réponse courte est ‘oui’. Nous recevons beaucoup d'appels d'offres pour le remplacement de systèmes informatiques d'entreprises d'affacturage et de banques établies. Bon nombre de ces décisions d'investissement ont été reportées pendant une longue période. Cependant, ces dernières années, nous constatons une envie de modernisation et d’actualisation des systèmes informatiques internes. Nous en avons aidé l’accomplissement l’année dernière et nous allons le faire avec de nombreux autres cette année. Il y a un grand intérêt à faire en sorte que tous ces systèmes informatiques soient actualisés, rénovés, renouvelés, modifiés et changés, et cela ne va pas se ralentir dans les mois à venir.
’PLATEFORMISATION’
DP: Que pensez-vous de la plateformisation des services bancaires du point de vue d’un fournisseur informatique spécialisé? Cela existe-t-il vraiment sur le marché à l'heure actuelle et quels sont les besoins de plateformisation?
LT: Je ne vois pas vraiment de plateformisation de l’affacturage en soi pour plusieurs raisons. La raison principale est l'affacturage, car il nécessite une grande compréhension des clients – un contact étroit avec les clients et une véritable attention par rapport à leurs acheteurs. Avec une approche de plate-forme pure, vous ne pouvez pas faire cela.
En même temps, je vois ce qui se passe dans le monde et le marché du financement sélectif de factures, et là-bas la plateformisation n’existe pas. Nous allons voir comment la situation va évoluer et quel sera le comportement lors du prochain ralentissement de l’économie mondiale. Pour l’instant, c’est une alternative de l’affacturage traditionnel et des bailleurs de fonds; nous voyons nos clients prospects dans ce monde, certains d’entre eux sont en train de passer par ce dégraissement et ils ont maturé leur modèle afin d’essayer d’atténuer le risque intrinsèque à ce produit.
Ce produit est largement éloigné de l’affacturage en termes de gestion du risque, d’approche fondée sur le client, de philosophie. Cependant, je ne les conçois pas en tant que des activités en conflit, étant différentes, elles proposent de différentes possibilités et se complètent l’une l’autre, plutôt que de se concourir. Une entreprise qui aurait opté pour escompte de facture sélectif, n’aurait peut-être pas choisit en même temps l’affacturage de gage de toute façon. Cela correspond à des besoins différents pour des fournisseurs et des entreprises différents.
LA MÊME TAILLE CONVENABLE POUR TOUS?
DP: Ce que vous avez mentionné, que les produits sont très différents dans les différentes entreprises, est très intéressant. Aussi bien que ce que vous dites sur la plateformisation dans le marché commercial, vu la complexité des éléments variés de la balance commerciale. Il est souvent très difficile de mettre en service une technologie sur une plateforme avec une approche du genre ‘la même taille convenable pour tous’. Nous avons parlé sur la numérisation du financement du commerce et des produits, à quel point cela s’applique à vos clients et est-ce que cela les impacte?
LT: De deux façons. Cela nous a apporté de nouveaux clients, comme je le disais, nous en avons déjà reçu quelques clients, ce qui est un phénomène relativement nouveau. Le deuxième aspect c’est que cela a poussé certains de nos clients à repenser leur stratégie Web et leur portefeuille de produits. Certaines de ces plateformes s’agrandissent et attirent l'attention du marché. Ainsi, les acteurs traditionnels qui pensaient que cela ne les intéresserait pas du tout, ont eux aussi compris que le financement sur facture unique pouvait être considéré comme un premier pas dans le monde de l'affacturage.
En outre, grâce au financement sur facture unique, certaines petites entreprises ou des entreprises qui n’avaient pas encore profité de l’affacturage, y ont développé un appétit. Et elles finiront par s’habituer au financement des créances et par se convertir en clients d’affacturage. Même celles qui n’ont pas encore franchi cette étape. Toute l’évolution de la fintech a amené les acteurs traditionnels à prêter plus d’attention à leur propre présence sur le Web et à la convivialité et à la facilité d’utilisation de ce Web. Non pas parce que c’est mieux, mais parce que ce serait plus facile à utiliser.
DP: Je sais que vous allez parler au Sommet de Banques et Finances à Amsterdam juin prochain. Donc, pour poursuivre sur ce sujet et peut-être pour conclure ce podcast, que voyez-vous dans l’avenir à court et à moyen terme de certains de vos systèmes, tels que iMX.
LT: C’est un processus sans fin – nous enrichissons la solution avec des idées et avec des recommandations de la part de nos analystes internes, et avec les nouvelles demandes que nous recevons de nos clients et du marché en général. Mais, pour être plus concret et plus précis, à court et moyen terme, il est essentiel de reconnaître et d'intégrer la plateforme de facturation électronique.
Ainsi, l'intégration doit être facilement disponible pour nos clients. Au plus long terme, nous devons nous concentrer sur l'intégration des solutions de chaîne de blocs. Quand il deviendra évident que certaines d’entre elles deviendront des solutions courantes – des solutions intéressantes et en pleine croissance – nous les intégrerons, car c’est une tendance pour l’avenir, non seulement pour le financement des créances, mais pour le financement commercial en général.
Je pense que c'est la pierre angulaire pour tous les acheteurs et fournisseurs des grands groupes: l'échange de documents commerciaux. D'un point de vue encore plus technique, nous nous intéressons à l'intelligence artificielle et à la manière de l'appliquer au secteur de la finance commerciale, en particulier en ce qui concerne la prévision ou la probabilité que les factures soient payées. Vient ensuite la question de savoir comment obtenir les factures remboursées par les acheteurs et la probabilité de défaut ou de fraude de la part des clients. Il serait plus facile si nous partagions les données entre nos clients, mais ce n'est pas notre situation car nous sommes obligés de protéger les données. Au bout de compte, l’objectif doit être le partage d’intelligence au niveau client.
IL FAUT QUE LE CLIENT PASSE TOUJOURS EN PREMIER
DP: Très intéressant, Laurent. Je pense que vous avez parlé sur trois sujets aujourd’hui, quant à ce qui se passe chez CODIX et parmi les fournisseurs de technologie en matière de financement commercial. Premièrement, l'intégration: nous devons continuer à réfléchir à la manière d'intégrer les données entre acheteurs, vendeurs, financiers, commerçants, etc. Deuxièmement: comment utiliser certaines de ces données pour jeter un coup d'œil aux prévisions futures concernant le paiement de factures et pour repenser ces données afin de construire des cotes de crédit et des algorithmes de confiance entre clients et fournisseurs. Le dernier sujet porte sur la facilité d'utilisation pour examiner le parcours client, les besoins des clients et l'intégration de certains de ces systèmes.
5ème sommet sur l’affacturage et sur le financement d’opérations commerciales
CODIX a sponsorisé le 5ème sommet sur l’affacturage et sur le financement d’opérations commerciales à Lisbonne, organisé le 21-22 mars par FCI.